La Semaine de la liberté d’expression du 24 février au 2 mars, le plus beau temps de l’année … et de nos démocraties #Libertédexpression #FTRWeek

Freedom to Read Week 2019

Comme l’ont fait remarqué avec beaucoup d’à propos les bibliothèques d’Ottawa, la Semaine de la liberté d’expression est le « deuxième plus beau temps de l’année, après le Mois des bibliothèques (octobre) ».

Le Colibri (Comité sur la liberté intellectuelle de l’EBSI) a élaboré une programmation à la hauteur de ce sujet qui incarne une des valeurs cardinales dans le monde des bibliothèques et des archives.

La première activité est d’importance. Nous avons la chance exceptionnelle d’accueillir Pierre Trudel, professeur à la Faculté de droit et contributeur régulier du journal Le Devoir, qui a participé à l’ouvrage collectif récemment publié intitulé Liberté surveillée : Quelques essais sur la parole à l’intérieur et à l’extérieur du cadre académique (Leméac, 2019).

Le chapitre qu’il consacre à la liberté d’expression fournit les clés nécessaires à la compréhension de ce sujet à la fois compliqué et complexe. Ce texte essentiel nous permet de de distinguer les différents registres par le biais duquel ce principe se décline – notamment dans les sociétés démocratiques qui reconnaissent la « faculté de critiquer » – entre, d’un côté, ce qui relève de la règle de droit définie par le contexte juridique et ce qui, de l’autre, concerne l’idée de la liberté d’expression, qui est généralement admise, mais dont la signification épousera une diversité de valeurs, de conceptions éthiques et philosophiques, en opérant presque inévitablement à partir d’une « normativité implicite ». Il discute également de la protection de la liberté d’expression au Canada et de certains enjeux qui en découlent incluant « les demandes d’ « épurer » les bibliothèques » auxquels il réserve une section. Dans le cadre de la conférence qui se tiendra demain, Pierre Trudel présentera certains de ces enjeux qui touchent de manière critique la liberté des activités expressives aujourd’hui. Cette conférence, suivie d’une discussion, aura lieu mardi le 26 février, de 11h45 à 12h45 à l’Université de Montréal, au Pavillon Jean-Brillant, salle B-3240. Elle est ouverte à tou.te.s.

Une table ronde se tiendra ensuite jeudi midi portant sur la place des contenus et des voix LGBTQ+ dans l’espace public. Marie-Christine Saint-Pierre, dont le mémoire de maîtrise portait sur cette question, viendra parler de la présence de la fiction LGBTQ+ dans les collections jeunesse des bibliothèques publiques québécoises. Michael David Miller interrogera à son tour la présence et l’inclusion de la communauté LGBTQ+ au sein du projet Wikipédia à partir du contenu et du système (acteurs, communauté, organisation) qui soutiennent ses activités sur le territoire wikimédien québécois. La table ronde se déroulera jeudi le 28 février, de 11h45 à 12h45 à l’Université de Montréal, au Pavillon Jean-Brillant, salle B-3265. Elle est ouverte à tou.te.s.

Jeudi soir, le film, Le prix des mots, du cinéaste Julien Fréchette (ONF) sera présenté à Temps Libre. Ce thriller documentaire raconte l’incroyable saga juridique et les procès qui ont opposé les compagnies minières canadiennes Barrick Gold et Banro à l’auteur Alain Deneault et aux Éditions Écosociété, suite à la publication du livre Noir Canada en 2008. Apportez votre exemplaire de Noir Canada si vous en avez un (j’ai le mien). Le visionnement du film sera suivi d’un échange avec Anne-Marie Voisard, auteure de l’essai Le droit du plus fort. Cette activité aura lieu à Temps libre jeudi 28 février de 17h à 19h. 5605, avenue de Gaspé, Espace 106, Montréal.

Vendredi, un atelier visant à étendre la liberté de lire dans le monde des réseaux clôturera ce quasi festival. Cette activité s’inscrit à la fois dans le contexte de la Semaine de la liberté d’expression et de l’exposition Conrad Poirier : Valoriser les communs du domaine public. Intitulé Semaine de la liberté d’expression : atelier remix et domaine public, l’atelier vise à explorer une voie permettant d’élargir l’accès au domaine public et sa diffusion, et partant d’étendre la liberté de lire, en créant et en publiant un livre numérique libre.

Dans le cadre de cette activité avec Pierre Choffet (Café des savoirs libres) nous allons :
1. explorer le sujet des licences de type Creative commons et domaine public;

2. créer, étape par étape, un epub à partir du pdf d’une oeuvre emblématique qui est entrée dans le domaine public canadien en 2019 – en même temps que Conrad Poirier : Le Survenant de Germaine Guèvremont )

3. présenter aussi des exemples de sites où il est possible de déposer/diffuser ces contenus – et d’en trouver d’autres, bien sûr.

Les étudiant.e..s et les participant.e.s peuvent apporter d’autres oeuvres littéraires sous licence libre qu’ils et elles pourront transformer en epub (pour autant que ce soit un pdf dont le texte est sélectionnable). L’activité se déroulera à l’Université de Montréal, Pavillon Jean-Brillant, au laboratoire de l’EBSi (local C-2027) de 11h45 à 13h.

Cette activité s’inscrit dans le prolongement de ce souci exprimé à plusieurs reprises, notamment ici et ici, concernant la prolongation du droit d’auteur dans le contexte de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) à l’automne dernier. En effet, cette décision récente est appelée compromettre le domaine public canadien, en entraînant aussi sa fermeture pour 20 ans, en passant d’une régulation posant que les droits d’auteur expirent 50 ans après la mort de l’auteur, comme c’est le cas actuellement de la plupart des pays dans le monde, à 70 ans après la mort de l’auteur. Cette décision implique nécessairement un recul de nos libertés.

Cette activité prolonge également une réflexion que j’avais élaborée l’an dernier dans le contexte du congrès annuel de la Fédération canadienne des associations de bibliothèques (FCAB/CFLA) qui portait sur la liberté intellectuelle. Dans ce texte, je tentais de faire valoir, d’une part, que le rôle des bibliothèques, comme gardiennes de la liberté intellectuelle, se transformait dans le contexte de la transition numérique. Défendre le droit de lire les définissent toujours, mais cet engagement à défendre la liberté intellectuelle et la sphère publique aux côtés des citoyens et des citoyennes, exige aussi aujourd’hui que nous prenions position concernant divers enjeux liés aux libertés numériques telles que :

Par ailleurs, en référence aux politiques publiques des bibliothèques (IFLA, ALA, etc.) nous sommes liés à un discours sur le droit à la liberté intellectuelle qui se traduit également par un discours sur la possibilité d’exercer ses libertés expressives dans une perspective de justice sociale. Ce point de vue nous amène à penser la liberté d’expression comme une forme de capabilité visant à faire en sorte que tou.t.e.s aient, concrètement et de manière équitable, les mêmes possibilités, les mêmes opportunités. Considérant les défis numériques actuels – même si ce ne sont pas les seuls défis auxquels les gens des bibliothèques et des archives sont confrontés, mais ils sont significatifs , il apparaît nécessaire de faire un pont entre la défense de la liberté d’expression/liberté intellectuelle et la littératie numérique; et aussi un pont entre la défense de la liberté d’expression/liberté intellectuelle et la promotion des communs numériques qui offrent les conditions les plus favorables en termes de réduction des barrières à l’accès.

J’en profite pour souligner le rôle exemplaire de ces bibliothèques publiques qui ont ouvert leurs portes pour accueillir les cafés citoyen sur l’intelligence artificielle dans le cadre de la démarche de co-construction entourant la Déclaration de Montréal sur le développement responsable de l’intelligence artificielle en 2018. Voilà un exemple concret de geste qui est susceptible de contribuer à une justice numérique. Je rappellerai enfin que les principes de cette Déclaration qui s’est écrite via l’espace public de ces bibliothèques

reposent sur l’idée commune que les êtres humains cherchent à s’épanouir comme êtres sociaux doués de sensations, d’émotions et de pensées, et qu’ils s’efforcent de réaliser leurs potentialités en exerçant librement leurs capacités affectives, morales et intellectuelles.

Cette Semaine est aussi l’occasion de promouvoir cette Déclaration sur le développement responsable de l’intelligence artificielle. Une grosse semaine en perpsective 🙂

Je saisis aussi l’occasion pour vous inviter à partager et signer cette lettre rédigée par la Fédération canadienne des associations de bibliothèques (FCAB-CFLA) en appui aux bibliothèques de Vancouver qui ont été interrogées et remises en questions à propos de l’usage communautaire de leurs espaces publics par une organisation féministe. Cette lettre d’appui porte un discours qui montre bien où logent ces institutions et la valeur qu’elles accordent à la liberté d’expression et la liberté intellectuelle aujourd’hui.

Bienvenues à tou.te.s !

Pour aller plus loin :

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