
Lectrice du School Library Journal, une revue professionnelle que je tiens en haute estime, je suis tombée sur cet article de l’éditrice Rebecca T. Miller qui annonçait en janvier que 2019 serait l’année de co-création. Le discours prospectif de Miller est fort intriguant car la co-création ou le co-design qui s’installe progressivement dans le monde des bibliothèques et des services publics semble désormais se tourner vers des publics spécifiques, ici les jeunes, pour lesquels les méthodes devront forcément être adaptées.
J’ai présenté à l’Association pour la promotion des services documentaires scolaires (APSDS) en décembre dernier une conférence qui s’intitulait Dessine-moi une bibliothèque : Du design centré sur l’humain ou design du care et qui répondait, je crois, à la curiosité du milieu des bibliothèques scolaires québécoises à l’égard de ces nouvelles pratiques. Dans la foulée de cette intervention, mais aussi en guise de matériel de réflexion pour préparer la journée professionnelle organisé par les Services des Milieux documentaires (BAnQ) portant sur l’expérience-usager (L’usage de la bibliothèque : une expérience globale) – et où Nicolas Beudon est un des conférenciers invités – j’ai pensé que la traduction de cet éditorial pouvait être à propos et en souligner la pertinence :
Qu’est-ce qui est possible dans un environnement véritablement collaboratif où chaque personne, qu’il soit organisateur ou participant, est responsable de «co-créer» avec les autres ?
Le terme de co-création décrit bien ce qu’il en est : différentes parties prenantes se réunissent pour explorer et réaliser quelque chose de nouveau via un processus de collaboration profonde. C’est un mécanisme d’autonomisation collective par l’appropriation individuelle des contributions nécessaires pour tracer la voie à suivre. Les bibliothécaires deviennent toujours meilleurs en matière d’engagement – lorsqu’il s’agit de chercher et d’utiliser des commentaires, réunir des groupes consultatifs, participer à des comités, etc. La co-création est une étape supplémentaire dans le continuum de l’engagement. Les meilleurs comités co-créent de temps en temps, mais cela amène le travail des comités à un niveau supérieur. Les co-créateurs ne contribuent pas simplement à un processus: ils maîtrisent le problème et la solution potentielle dès le début.
Au fil des ans, j’ai participé à de nombreuses nouvelles initiatives, comités et conseils d’administration, mais je me suis engagé seulement dans la co-création délibérée dans le cadre de ma participation à la New York Library Association (NYLA) Sustainability Initiative. Je suis intéressée par la co-création depuis ce moment. Cette approche intentionnelle de la pensée collaborative nécessite que tout le monde soit investi pour réussir. La responsabilité est réelle, ce qui incite à investir davantage dans les solutions potentielles.
Rebekkah Smith Aldrich et Matthew Bollerman, coprésidents de NYLA SI, travaillaient ensemble sur les questions de développement durable depuis un certain temps, mais ils avaient adopté une approche de co-création pour la formation de la Sustainability Initiative, parce que, comme le disait Aldrich, ils savaient qu’ils n’avaient pas tous les réponses ou ce à quoi ça ressemblerait et nous voulions inviter les autres à réfléchir avec nous. » Bollerman avait découvert le concept de co-création lorsqu’il travaillait sur un projet avec John Boecker, membre fondateur du cabinet de design écologique 7group, et ils ont appliqué l’approche.
Le développement durable est «un problème complexe. Personne ne peut s’en sortir tout seul, tout comme une bibliothèque ne peut pas résoudre seule les problèmes de sa communauté », déclare Aldrich. « Un modèle de leadership distribué pour un impact collectif est la clé de notre succès. »
Fait important, dans un environnement de co-création, le leadership émerge de l’ensemble du groupe plutôt que de haut en bas, et cela va et vient. Permettre à cette dynamique particulière de prendre un peu de discipline peut prendre un peu de discipline de la part de toutes les personnes impliquées – les dirigeants connus pourraient être obligés de prendre du recul, et les modérateurs de veiller à créer un espace pour que chacun puisse exprimer ses idées et apporter sa contribution. La modélisation d’un état ouvert d’apprentissage actif aide. Cela peut aussi transformer la relation d’une institution avec les personnes qu’elle sert, contribuer au développement des compétences et favoriser la communauté.
La co-création peut s’appliquer à des problèmes, grands ou petits, mais la stratégie est particulièrement utile, me semble-t-il, lorsqu’un problème est complexe ou lorsqu’on se dirige vers un territoire inconnu. À SLJ, nous sommes intéressés à explorer davantage cette question. C’est une des raisons pour lesquelles nous nous concentrons sur les bibliothèques impliquées dans la co-création du programme de notre groupe de réflexion sur les bibliothèques publiques, qui se tiendra du 7 au 8 mars à Miami, et intitulé Public Library Think Tank : The Future is Theirs : Community Co-Creation with Kids ans Teens.
Nous aborderons la co-création comme une approche stratégique; nous verrons aussi la manière dont les différentes approches de co-création peuvent approfondir les collections, améliorer la conception des espaces, restructurer la programmation de fond en comble, informer, sensibiliser, permettre les initiatives technologiques, etc. Si vous co-créez des services de bibliothèque avec des enfants et des adolescents, nous aimerions beaucoup avoir de vos nouvelles.
Bonne année de co-création !
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