Je vous propose une série de recommandations de lecture jeunesse fiables et passionnées réalisées par des pros en devenir. Ces exercices de médiation littéraire méritaient d’être partagés au-delà du bac à recyclage – où atterrissent, c’est bien connu, même les meilleurs travaux universitaires. J’en ai retenu une quinzaine, parmi quelques 200 productions du cours SCI6339 à l’EBSI, en commençant par cette sélection de trois albums. Des mangas, des bandes dessinées, des romans et des documentaires suivront dans les prochains jours. Remplissez votre panier, papier ou numérique, c’est #àlire!
Trois albums scintillants
Dubuc, M. (2017). Le chemin de la montagne. Montréal : Comme des géants. Dès la naissance. (Bibliothèque publique)
Madame Blaireau se rend tous les dimanches au sommet de la montagne Pain de sucre par le sentier qui traverse la forêt. Un jour, elle rencontre sur sa route Lulu, un petit chat rouquin, qui aimerait bien lui aussi se rendre au sommet de la montagne et contempler le monde. Lulu pense qu’il est trop petit pour gravir la montagne. Madame Blaireau invite alors Lulu à se joindre à sa promenade. Lulu accompagnera ensuite Madame Blaireau tous les dimanches. Elle lui apprendra à apprécier la nature et les plaisirs simples de la vie. Madame Blaireau partagera ses trouvailles à Lulu allant de la cueillette de champignons aux objets curieux amassés au cours de ses ascensions. Bien qu’une différence d’âge importante les sépare, il naîtra une profonde amitié entre Madame Blaireau et Lulu. Ensemble, ils nous dévoileront les secrets de la forêt.
Source. J’ai repéré l’album de Marianne Dubuc dans la section Les coups de cœur de Lurelu de la revue Lurelu (L’équipe, 2018). La revue Lurelu est une revue québécoise spécialisée dans le domaine de la littérature jeunesse. Cette revue qui paraît trois fois par année s’adresse autant au grand public qu’aux acteurs du milieu de la littérature jeunesse (Lurelu, s. d.). Selon Danièle Courchesne qui a rédigé la critique de l’album, Le chemin de la montagne est un réel « baume au cœur » (L’équipe, 2018). Ce qui ressort de sa critique est la beauté de cette histoire traitant d’une relation intergénérationnelle et du transfert de savoirs qui l’accompagne, à travers laquelle on apprend aux enfants l’importance de valeurs telles que le partage, le respect de l’autre et l’entraide. Selon cette critique, il s’agit d’« une lecture dont on ne se lasse pas » (L’équipe, 2018).
Analyse. Cet ouvrage se classe parmi les albums de la petite enfance s’adressant à un public âgé de 0 à 5 ans puisqu’on y retrouve une prédominance de l’image par rapport au texte. Cet album aborde d’abord le thème de la transmission du savoir d’une génération à l’autre qu’on observe alors que Mme Blaireau prend Lulu sous son aile; le jeune chat apprendra beaucoup de son aînée. L’album exploite également le thème plus philosophique du sens qu’on donne à la vie, des décisions que l’on prend. Ici, le temps est ralenti. Mme Blaireau apprécie la nature et les bonheurs simples. Plusieurs valeurs morales sont transmises dans cet album. On initie les tout-petits au partage, à l’empathie et à l’entraide. D’un point de vue social aussi, cet album transmet aux enfants le respect des aînés et de leur apport non négligeable à la société. Le cheminement de l’histoire est cohérent alors que l’on suit l’évolution de Lulu sur le chemin de la montagne. Quant au texte, il est constitué de quelques phrases courtes utilisant un langage simple et oscille de la narration au dialogue. Le texte est adapté aux tout-petits qui apprendront peut-être au cours de leur lecture quelques nouveaux mots de vocabulaire. Les illustrations sont douces et contiennent une panoplie de détails à découvrir. Dans cet album, la relation texte-image est complémentaire : la narration est construite autant par le texte que par les illustrations qui cohabitent d’ailleurs sur l’espace de la page. Je recommande fortement ce magnifique album pour les tout-petits pour une histoire douce qui allie divertissement et transmission de valeurs positives. Rédigé par Justine Ménard.
Note : Depuis la rédaction de cette recommandation, Le chemin de la montagne a remporté les prix littéraires suivants : Prix TD de littérature pour l’enfance et la jeunesse 2018, Prix Harry Black de l’album jeunesse 2018, Prix du Gouverneur général : littérature jeunesse de langue française – illustration 2018, Prix du livre jeunesse des Bibliothèques de Montréal 2018.
Boulerice, S. et Côté-Lacroix, D. (2016). Florence et Léon. Montréal : Québec Amérique. À partir de 8 ans. (Bibliothèque publique, prêt numérique)
Simon Boulerice, auteur pour la jeunesse très productif, qui a écrit notamment Un ami lumineux et La gardienne du musée, propose ici un album abordant le thème de la différence. Florence, professeure de natation, est un peu différente des autres : elle a un petit problème aux poumons. Léon, vendeur d’assurance, est aussi différent parce qu’il a un problème aux yeux qui l’empêche de voir de la même façon que les autres. Les deux personnages pourront-ils devenir amis malgré leur différence ?
Source. Livres ouverts est une ressource en ligne offerte par le Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec. Elle propose des suggestions de lectures, sélectionnées selon des critères précis, pour les jeunes du préscolaire au secondaire (Gouvernement du Québec, s. d.-b). Chaque notice comporte un commentaire descriptif, une échelle ciblant le niveau scolaire approprié, des indices de difficulté de lecture et des pistes d’exploration pédagogique.
À propos de Florence et Léon, Livres ouverts souligne la thématique de la différence proposée par l’album. La ressource met aussi en relief l’influence que la bande dessinée a eue sur l’œuvre : certains dialogues sont transmis par des phylactères intégrés à l’image. Elle met aussi en évidence les couleurs douces de l’album, principalement dans des tons de gris avec des touches de couleurs autour des personnages. Selon Livres ouverts, le livre s’adresse aux jeunes de la 4e année du primaire à la première année du secondaire. L’indice de difficulté donné est de 4 sur 11, le commentaire descriptif soulignant le « vocabulaire riche » de l’album. (Gouvernement du Québec, s. d.-a).
Analyse. L’album a pour thème la différence. Celle-ci est présentée par le biais des deux personnages qui ont tous les deux un handicap : Florence a des problèmes aux poumons qui l’empêchent de reprendre son souffle facilement après l’effort ; c’est comme si elle respirait à travers une paille. Léon, lui, a des problèmes de vision ; c’est comme s’il voyait à travers une paille. La différence de chacun est présentée à l’aide de l’exemple concret de la paille qui rapproche les deux protagonistes et fait clairement comprendre au jeune lecteur les limitations physiques de chacun. De par le thème qu’il aborde, l’album transmet des valeurs comme l’ouverture à l’autre, l’acceptation de la différence et l’empathie.
Le texte de l’album est plutôt narratif. Lorsque le narrateur omniscient raconte l’histoire, la calligraphie utilisée est standard. Lorsque les personnages parlent, la calligraphie des dialogues change et devient plus ludique. Cela permet aux lecteurs qui lisent le texte eux-mêmes de bien voir la coupure entre les différentes voix narratives. L’utilisation occasionnelle de phylactères, notamment lors du premier dialogue entre les personnages, aide aussi le lecteur à voir la différence.
Par ailleurs, les illustrations sont douces et sont principalement dans des teintes de gris pâle. Les personnages sont cependant en couleur et quelques objets importants le sont aussi comme le jus de mangue et melon qui revient à deux reprises ou les pailles qui sont un élément-clé de l’œuvre. Les phrases sont assez simples et disent clairement les choses. On y retrouve un peu la même douceur que dans les images. Les deux créent une atmosphère douce et calme.
Je serais à l’aise de présenter ce livre à des enfants, car il aborde les thèmes de la différence et du handicap tout en douceur et intelligemment. Je crois qu’il donnerait lieu à des discussions très intéressantes avec les enfants. Rédigé par Élise Gauvreau-Gervais.
Poulin, A. et Girard, F. (2018). Ce n’est pas comme ça qu’on joue au hockey. Montréal : Québec Amérique. À partir de 4 ans. (Bibliothèque publique, prêt numérique)
Hey toi! Tu as envie d’en apprendre plus sur Jacques Plante? Tu sais, celui qui a gardé le filet du Canadien de Montréal pendant 10 ans entre les années 50 et 60. Son histoire est intéressante, car on dit de lui qu’il est non seulement l’un des 100 meilleurs joueurs de hockey de toute l’histoire, mais aussi qu’il est le plus innovateur. Son style offensif aventureux a complètement révolutionné la manière de jouer des gardiens de but. Savais-tu qu’il est même l’inventeur d’un outil fort utile qui a probablement sauvé des vies? En effet! Mais pour en connaître plus sur le sujet, tu devras lire ce super livre d’Andrée Poulin. Tu la connais sûrement, car elle est aussi l’auteure de plusieurs autres ouvrages à succès dont La plus grosse poutine du monde (2013) de même que Pablo trouve un trésor (finaliste au Prix du livre jeunesse des Bibliothèques de Montréal 2015).
Source. Le site web Les libraires est la version en ligne de la revue papier du même nom. On a accès à différentes rubriques fort pertinentes dont « Nouveautés », « Choix des libraires », « Palmarès » ou encore « Thématiques ». La fiche du document ne commente pas l’ouvrage en tant que tel, sauf pour quelques informations utiles comme le résumé du livre, des suggestions du même auteur de même que d’autres livres portant sur le même sujet. Notons qu’il est possible de feuilleter le document et d’en télécharger un extrait. Un lien est mis à notre disposition pour faire l’achat en ligne du format papier en plus de deux liens pour l’achat de la version numérique, à savoir les formats pdf. et epub. Enfin, la page nous informe au sujet de l’auteur, de la date de parution du livre et de la maison d’édition. En cliquant le nom de l’auteur, on accède à la liste de tous ses ouvrages.
Analyse. L’ouvrage met en scène un personnage principal nommé Jacques. Tout jeune, il voulait jouer au hockey. Malheureusement, il n’avait pas de bâton ni rondelle. Alors il a décidé de faire à sa tête et jouer avec une branche d’arbre et une balle de tennis. Il souhaite être gardien de but, mais n’a pas de jambière. Son père lui en fabrique donc. C’est par le procédé de la répétition que l’histoire arrive peu à peu à se construire. Par exemple, le motif suivant revient à quelques reprises : « Non ce n’est pas comme ça que l’on joue au hockey ». Le récit arrive à capter l’intérêt du lecteur en ce sens que l’on comprend vite que peu importe les embûches, Jacques est persévérant. On veut le voir réussir. On veut le voir gagner. Il n’y a pas de dialogue; on se contente de raconter des faits à la manière d’une tranche de vie, d’une mini-biographie. La morale qui en ressort pourrait se résumer ainsi : c’est en travaillant fort que l’on arrive à nos fins. L’ouvrage est en somme une leçon de courage et s’adresse à tous les enfants, que ce soit un garçon ou une fille. Rédigé par Jean-François Barabé.
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