Nous y sommes presque. Vendredi se tiendra la seconde édition d’un colloque sur l’histoire des bibliothèques québécoises. Le thème de cette édition 2018 est consacrée à l’histoire des femmes bibliothécaires au Québec, une société un peu secrète, peuplée par des militantes du monde de l’éducation et de la culture, pourtant moins portée vers la discrétion, à laquelle on les identifie trop souvent, que vers des projets d’émancipation sociale réclamée bruyamment lorsqu’il le fallait bien.
Le colloque vise les objectifs suivants : d’abord celui de diffuser les connaissances concernant l’histoire des femmes bibliothécaires au Québec et leur apport au monde des bibliothèques; celui d’accroître ensuite notre compréhension du développement de la littératie, de la lecture publique et des bibliothèques québécoises. Cet événement d’une journée se déroulera dans l’amphithéâtre de la Grande bibliothèque. 230 personnes sont inscrites à ce jour; ce qui, pour une activité que l’on pourrait qualifiée de « pointue », est inespéré. Il reste encore quelques places, on peut s’inscrire à cette adresse.
Le contenu des conférences sera préservé au moyen d’un dispositif à préciser : livre, numéro spécial dans une revue, archives ouvertes. Un atelier contributif animé par des bibliothécaires et Wikimédia Canada devrait faire suite à l’événement, dans le cadre d’un Mardi, c’est wiki à la Grande bibliothèque et/ou au cours d’une activité Art et Féminisme, avec l’intention d’améliorer la présence de ces femmes dans les projets wikimédiens. Un des problèmes, en effet, qui a motivé la tenue de ce colloque, outre l’urgence de produire des savoirs sur cette profession et cet aréopage de figures remarquables, n’est pas étranger à la rareté, sinon l’absence, d’une littérature secondaire. Ces lacunes ne permettaient pas de réunir les conditions, voire les sources, pour établir leur notoriété et créer, dans tous les cas, des entrées de qualité soulignant leur contribution au développement de la société québécoise dans l’encyclopédie la plus célèbre, et surtout, la plus consultée du monde. Cet exercice agit à la façon d’un test. Et l’enjeu de l’invisibilité du travail historique des femmes tient aussi à notre capacité de produire ce type de documentation et de données aujourd’hui.
À travers le travail des historiennes et des historiens qui se sont investi.e.s dans ce projet, un autre pan de l’histoire a pris forme en filigrane. L’engagement de plusieurs de ces pionnières, a-t-on appris, est étroitement lié à des revendications visant à mettre en place des services élargies et plus équitables pour les enfants et les adolescents.e.s. Au cours de la journée, c’est l’histoire de la bibliothéconomie jeunesse et des batailles pour l’amélioration de l’accès à la lecture des familles québécoises, souvent les moins nanties, qui émergera.
La journée se clôturera par un entretien très attendu avec Lise Bissonnette, écrivaine, journaliste, présidente et directrice générale de BAnQ à l’ouverture de cette institution qui aura peut-être marquée, l’histoire nous le dira, un moment de rupture dans la relation contrariée entretenue entre les Québécois.e.s et leurs bibliothèques – comparativement aux dévotions réputées des publics anglophones pour leurs libraries. C’est M. Jean-Louis Roy, actuel président et directeur général de BAnQ, qui conduira l’entretien.
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