Lectures d’été de l’Atlantique : Suivez le guide pour Halifax

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HALIFAX (CANADA),13-14 juillet 2013.

L’hôtel Lord Nelson et le Lonely Planet. Il fallait nous voir à l’accueil du Lord Nelson de Halifax, bien sales et boueux, traînant encore dans notre sillage nos amis les mouches qui ne nous avaient pas lâchés depuis le camping du Parc national de Fundy. Dans le guide Lonely Planet, on précise que l’hôtel Lord Nelson, en dépit de son élégance un peu guindée des années 20,  accueille des rockstars comme Mike Jagger lorsqu’ils séjournent à Halifax. Tout ce qu’on avait de comparable à ce monde de paillettes, de lustres et de projecteurs, c’était l’étincelle dans nos yeux à la perspective de dormir dans un bon lit.  Dans le Lonely Planet, version 2011 on nous invite aussi à manger au Il Mercato qui ne prend pas de réservations. Et bien à cette adresse, il n’y a plus de Il Mercato, on mange désormais au Frasca, et on prend les réservations – sinon c’est une heure d’attente, mais qui vaut la peine cela dit.  Je n’ai pas vérifié, mais la version numérique nous aurait probablement épargné ce désagrément.

Journal gratuit. Dans un journal gratuit, The Coast, j’ai lu un article qui passait la ville d’Halifax au scanner, et en même temps au bistouri. Halifax souffre de ce mal des villes périphériques qui ont plus d’aspirations que de moyens : le syndrome d’être « A world-class-city ». La tumeur dans ce cas est compliquée par le fait que le développement d’Halifax a historiquement reposé sur le va-et-vient de la mer et de la guerre. Inféodée par l’Angleterre, Halifax est une ville structurée par la stratégie militaire avec ses hauts (la guerre et l’industrie florissante qu’elle génère) et ses bas (la paix). En ce temps de paix, Halifax est en quête d’elle-même, d’un sauveur couronné, d’un remède miracle. En ce temps de paix, plusieurs rues ressemblent à des champs de bataille avec, entre autres, des régiments d’itinérants.

La future bibliothèque centrale d’Halifax. Mais, dans ce contexte difficile, une des bibliothèques les plus remarquables et les  plus attendues au Canada est actuellement en construction. C’est la nouvelle bibliothèque centrale d’Halifax dont l’avant-projet et la programmation ont reposé sur une démarche de co-design de type Working Together. Les concepteurs sont allés dans la rue, vers les communautés, dans le but de favoriser l’inclusion sociale et de contribuer, éventuellement, à panser les plaies des citoyens en leur demandant ce que la bibliothèque pouvait faire pour eux. La bibliothèque comme projet de résilience. Ouverture en 2014.

L’histoire de la bibliothèque publique à Halifax remonte à la moitié du 19ième siècle: On peut trouver sur Open Library, le Catalogue with the constitution and rules of the Citizen’s Free Library publié à Halifax en 1864.

Parcours littéraire. Au fil d’un parcours qui s’est fait littéraire, nous avons croisé la Memorial Public Library qui fait partie du réseau, la librairie Woozles qui s’auto-proclame «Canada’s Oldest Children’s Bookstore », la librairie Strange Adventure, Comix & Curiosities où nous avons fait le plein de mangas et acheté le jeu de lettres Bananagrams qui est rapidement devenu la vedette de nos soirées.  Enfin,  à la libraire Bookmark (qui appartient à une chaîne assez quelconque) près de l’hôtel, j’ai trouvé une version signée par l’auteur M. T. Dohaney de son formidable roman The Flannigans (Pennywell, 2007)

La littérature des Maritimes comme si c’était au Québec. The Flannigans raconte l’éclatement d’une famille au moment du référendum de 1948 alors que Terre-Neuve décidait par un vote de 52 % contre 48 % d’adhérer à la confédération canadienne. Les nationalistes et des fédéralistes qui s’affrontent apparaissent comme des jumeaux cosmiques de leurs vis-à-vis dans l’histoire récente du Québec, et le récit devient une métaphore déconcertante de la politique québécoise. Autrement, voici un nouvel autre exemple Des États-Désunis du Canada, si vous n’avez pas vu le documentaire de Guylaine Maroist (Production de la ruelle) au sujet des aspirations indépendantistes dans le ROC (Rest Of Canada). J’ai beaucoup aimé ce roman qui supposait aussi, pour une expérience plus complète, un certain effort de décodage du dialecte terre-neuvien :

Don’t you have enough booze down yer gullet fer one day, me son?

Toucher avec les yeux seulement. Vu une murale dédiée au superbe Hark! A Vagrant de l’auteure Kate Beacon qui est native d’Halifax. Cette bande dessinée qui vadrouille entre l’histoire et la littérature a figuré dans le palmarès d’une vingtaine de magazines et journaux dont Time et Wired, mais surtout c’est un coup de coeur familial. Vu aussi des oeuvres du patrimoine local au Art Gallery Of Nova Scotia dont certaines d’Alex Colville, citoyen de la Nouvelle-Écosse (décédé le 16 juillet 2013) et une autre oeuvre : The 2nd Earl of Halifax par le célèbre Joshua Reynolds (qui fonda le Literary Club, ou The Club à Londres en 1764une assemblée littéraire à la manière de l’Académie française). Pas vu : le Blue Nose II qui n’était pas au quai au moment de notre passage. Vu en oblique et en passant un sex shop qui n’affichait que des livres dans sa vitrine. Marketing pudique pour une littérature qui l’est moins.

Guerre aux fautes. Après les saveurs locales, une visite avec un arrière-goût désagréable, celui du lieu historique de la Citadelle d’Halifax. Ce lieu de mémoire suit une ligne du temps qui n’est pas des plus  réjouissantes dans une perspective franco-québécoise: son établissement a représenté un affront pour les Micmacs (alliés des français), plaque tournante de la déportation des acadiens, base du général Wolfe lors de la guerre de conquête, fortification stratégique lors de la guerre de 1812 entre l’Empire britannique et les États-Unis.  La Citadelle a acquis le statut de lieu historique en 1935. Comme on peut le constater sur le diaporama, cette forteresse du patrimoine n’est pas à l’abri des fautes d’orthographes, et en ce sens elle représente toujours un danger pour le français.

Pour aller plus loin 

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