Doug Johnson, l’auteur du blogue, The Blue Skunk Blog, rapportait avoir été exposé à la question cruciale suivante dans le cadre d’un échange avec les dirigeants de son institution : « Does a school need a library when information can be accessed from the classroom using Internet connected laptops? »
D’entrée de jeu, il souligne avec justesse que cette question « uncomfortable, messy, and incredibly important » exige une réponse « clair et persuasive » pour TOUTES les bibliothèques quelles qu’elles soient.
Et, il lance un appel à tous : « Do you have a good response? What part does a facility play in a ubiquitous information environment? How does the librarian’s role change? How do we assess our impact if physical visits become less frequent? » Ce sont d’assez bonnes questions, en effet.
Dans un autre blogue, 2cents Worth, David Warlick ose une réponse. Cette question, dit-il, est habituellement traitée en privilégiant l’une ou l’autre des approches suivantes (ou les deux). Dans le premier cas, on fait valoir que le besoin de la bibliothèque provient du rôle tout à fait unique que jouent les livres dans notre culture. Dans le second cas, on implique les bibliothécaires et le rôle qu’ils peuvent jouer en aidant le public à devenir des utlisateurs plus critiques de l’information. Que valent ces propositions ? « Frankly, I do not believe that either reason will fly in the face of budget cuts and an increasingly information-ubiquitous landscape. »
Alors que nous vivons à une époque excitante comme nulle autre pour les bibliothécaires, on se cantonne dans une « vision très traditionnelle ». C’est, ajoute-t-il, celle de la bibliothèque comme un lieu où l’on se rend pour consommer du contenu, trouver de l’information, en lire, et parfois en emprunter. Mais, les fonctions des bibliothèques dépassent largement ces lieux…communs.
Warwick propose une vision actualisée de la bibliothèque comme espace pour :
- Trouver, accéder, comprendre, évaluer critiquement des informations appropriées en fonction de nos objectifs ;
- Ajouter de la valeur à l’information en utilisant des outils d’analyse, de traduction, de manipulation, et de visualisation de l’information;
- Exprimer des idées convaincantes à travers des combinations appropriées de textes, sons, images, video, animation; et
- Accomplir ces choses dans un cadre social, collaboratif, et joyeux.
Je ne suis pas certaine que ces raisons pourraient faire beaucoup plus de milage auprès de l’administration publique lorsque celle-ci se détourne des bibliothèques Il y a véritablement une problématique irréductible associée à l’évaluation de l’impact en ce qui concerne les services de la bibliothèque. Mais il me semble que l’évocation de ces services et surtout le rappel des services qui pourraient cessés d’être offerts ou qui sont inéquitablement distribués auprès des usagers, des citoyens, demeure, à mon avis, le meilleure carte à jouer. Enfin, la question, telle que soulevée par Doug Johnston, visait clairement la relation que le lieu bibliothèque est susceptible d’entretenir avec son alter go virtuel, ce dont Warwick ne tient pas compte dans son effort.
Mais surtout, il y a quelque chose qui me gêne dans cette réponse. Est-ce parce qu’elle semble toute droit sortie d’un manuel d’introduction aux sciences de l’information de l’an 2000? Est-ce parce qu’elle ne me semble pas articuler des raisons vraiment fondamentales pour justifier l’existence des bibliothèques ? Est-ce parce que j’aurais souhaité qu’on fasse un peu plus que mentionner le social en passant et qu’on insiste sur le politique ? Sur la mission de services ? Sur la médiation (numérique, outreach) ? Sur le développement des communautés territoriales et tout ce travail qui vise à amener la bibliothèques aux gens et les gens à la bibliothèque, notamment par le biais de ces moyens sur lesquels il met l’emphase (Find, access, evaluate information…, add value…, express ideas…etc.) ? Des moyens qui contribuent à l’achèvement du modèle démocratique. Et, on revient au billet précédent.
David Warlick est l’auteur des livres suivants, que je n’ai pas lus, mais dont les titres sont fort invitants :Redefining Literacy 2.0 (2008), Classroom Blogging (2007).
Ajoutons enfin que Doug Johsnon, qui avait déjà réfléchi à la question essentielle, suggère quelques publications pour alimenter la discussion :
- Why do we need libraries when we have the Internet? Knowledge Quest, Vol #27 no. 1 (1998)
- Are Libraries (and Librarians) Heading Toward Extinction? Teacher-Librarian, Dec 2003
- Letter from the Flat World Library Corporation, LMC, March 2006
- The Importance of Bricks, LMC, August/September 2006
Ce billet paru cette semaine sur LIS News, Relevancy of Libraries in the Future, mérite certainement d’être inclus dans ce type de sélection.
Si vous avez LA réponse, ou même une partie, n’hésitez pas à prendre le relais.
Je tiens à remercier François Rivest (recitfr sur Twitter) qui a « poussé » ce matériel à mon attention.
Source de l’image : Puckett, Jason (JassModeus). “Librarian Tattoo.” Flickr. 15 Sep 2006. 1 Aug 2008 <http://www.flickr.com/photos/jazzmodeus/2723560261/>.
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