Le jour de la terre, le 22 avril prochain, est un moment bien choisi pour aborder un sujet, qui tel un slogan, revient régulièrement enjolivé les discours à saveur politique, j’entends celui « des bibliothèques dans la perspective du développement durable »…
D’entrée de jeu, disons que les bâtisseurs des bibliothèques du XXIe siècle sont hautement responsabilisés en matière de questions environnementales. On ne se demande plus s’il y aura ou pas une certification LEED, on se demande maintenant laquelle des certifications sera visée, argent, or, platine ?
Le principe du développement durable fait désormais partie intégrante de la vision des futures bibliothèques vertes. Mais la question que l’on peut se poser est la suivante: Les bibliothèques « [O]nt-elles pour autant intégré l’ensemble des principes du développement durable, dont celui, fondamental de la participation des communautés? » Cette question soulevée par Claude Marois (L’Autre Forum, vol. 13, no.2, mars 2009), à l’intention des universités dans le cadre d’un réflexion sur les campus durables, je la reprends pour les bibliothèques.
Le développement durable est un concept complexe, généreusement documenté et défini. Les diverses définitions, en général, reflètent l’héritage du rapport Brundtland qui a vu ce concept émergé: « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » Ce concept s’inscrit à l’encontre d’une approche économique orientée vers la productivité à tout crin et met l’emphase sur un développement en phase avec les collectivités territoriales et l’environnement.
Deux aspects nous ramènent sur la voie des bibliothèques et de leur rôle dans l’élaboration d’une stratégie de développement durable :
1. Les domaines d’intervention du développement durable, associés aux principes de la Déclaration de Rio, impliquent notamment:
-La santé et la qualité de vie,
-L’équité et la solidarité sociale
-La participation et l’engagement citoyen
-L’accès au savoir
2. Les bibliothèques, en tant qu’organisations publiques, appartiennent à la communauté territoriale. La communauté territoriale rassemble les groupes sociaux communautaires, citoyens, les administrations publiques, les associations, etc. À cet égard, la bibliothèque est un acteur local appelé à participer à la formulation et à l’élaboration de projets territoriaux communs articulés autour des principes du développement durable.
En d’autres termes, les domaines d’application du développement durable, dans leur compréhension étendue, interpellent les bibliothèques dans leur mission même. Et, les bibliothèques publiques, comme institution de proximité, comme acteur de la communauté territoriale, doivent être impliqués dans le questionnement et l’action collectives pour favoriser la maîtrise des changements à venir. En outre, un projet de bibliothèque, incluant en premier lieu son offre de services, doit être conçu sur la base d’une connaissance étroite du profil socio-économique de la population et s’inscrire dans le prolongement de la démarche concertée de la communauté territoriale. L’architecture et les aménagements sont ensuite déduits de cette réflexion et de cette stratégie opérationnelle.
En somme, un projet de bibliothèque dans la perspective du développement durable, au futur ou au présent, ce n’est pas une offre de services donnée en parallèle avec l’affirmation d’un souci environnemental. Plutôt, le développement durable constitue le point de départ de tout projet de bibliothèque pour le XXIe siècle en articulant sur un mode intégré les enjeux sociaux, culturels, informationnels et environnementaux à partir de la communauté territoriale.
Manifestement, le développement durable est un argument de poids pour la défense de la bibliothèque de proximité. Cela signifie également que nombre des interventions des bibliothèques, que ce soit en matière d’immigration ou de décrochage scolaire par exemple, sont appelées à être formulées dans la perspective de l’atteinte des objectifs du développement durable.
Il faut souligner, enfin, que les notions de conservation et de préservation, qui sont inscrites dans le patrimoine génétique de la bibliothèque, en font un partenaire privilégié pour le long terme. On observe une grande mobilité parmi les acteurs du développement local, les organismes sociaux, communautaires, etc., qui sont trop souvent à la merci des subventions, des contingences économiques, des engagements individuels. La bibliothèque est une organisation structurée pour accompagner la communauté, à travers les aléas, les transformations, les évolutions dans la durée et…la continuité.
Bon jour de la terre !
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