La semaine dernière, on annonçait le lancement, sous l’égide de l’UNESCO, de la World Digital Library prévu pour le 21 avril prochain. Comme le faisait remarquer Martin Lessard, on apprend peu de choses sur cette bibliothèque qui soit susceptible de nous mettre réellement en appétit. Mais, j’ai commenté son propos en faisant valoir que la valeur de cette bibliothèque réside dans son capital symbolique et politique. Car, il faut bien reconnaître que l’UNESCO est une organisation qui a une stature imposante mais qui n’a pas toujours les moyens de son envergure internationale.
Ainsi, on discute, en ce moment, de la possibilité d’un portail numérique du Québec qui rassemblerait et soutiendrait les différentes bibliothèques numériques et les projets de numérisation locaux : notre Europeanna. Une association avec le portail de l’UNESCO, qui vise précisément à favoriser le regroupement de partenaires, donnerait une valeur ajoutée au projet qui faciliterait sa défense au plus haut niveau. C’est surtout là, à mon avis, que la World Digital Library va compter : Pour son impact stratégique en ce qui concerne l’advocacy, comme on dit, des initiatives de numérisation nationales et publiques auprès des décideurs.
Cependant, une autre nouvelle récente, tout aussi significative, sinon plus, (mais qui semble avoir eu moins de retentissement), est également associée à l’UNESCO. La newsletter de cette organisation annonçait au début de mars, la parution d’une publication intitulée Measuring the Information Society. Cette édition comprend un index, le ICT Development Index information. Cet index vise à saisir « the level of advancement of information and communication technologies (ICTs) in more than 150 countries worldwide and compares progress made between 2002 and 2007. Its main objective is to provide policy makers with a useful tool to benchmark and assess their information society developments and to monitor progress that has been made globally to close the digital divide ». Je ne crois pas que la version française soit encore disponible.
On y aborde 3 questions considérables ;
1. Qu’est-ce qu’une société de l’information, à quelles conditions une société est-elle une société de l’information ?
2. Comment se positionne notre région, incidemment le Canada, quant à l’accès et l’usage de l’information ? Comment celui-ci évolue-t-il dans son développement en tant que société de l’information ?
3. Quel est l’ampleur actuelle du fossé numérique (digital divide) ?
D’abord, une société de l’information est un concept relatif qui résulte de l’évaluation de 3 critères chapeautant différents indicateurs :
1. La disponibilité de l’infrastructure des TICs (ICTs) et l’accès individuel aux TICs (le taux de lignes de téléphones fixes par 100 habitants; le taux d’abonnement à des téléphones cellulaires par 100 habitants; la bande passante internationale d’Internet (bit/s) par utilisateur d’Internet; la proportion des ménages avec un ordinateur; la proportion des ménages avec un accès internet à la maison).
2. L’usage et l’intensité de l’usage qui sont associés aux TICs (les utilisateurs d’internet par 100 habitants, les abonnés à une bande passante fixe par 100 habitants, les abonnements à une bande passante mobile par 100 habitants)
3. Les compétences et les capacités à utiliser de façon efficace les TICs (la littéracie chez les adultes, l’éducation secondaire et post-secondaire)
Suivant ces indicateurs, le Canada se situe au 19ième rang en 2007, soit 10 rangs derrière sa position au moment de la dernière enquête, il y a 5 ans. Bien que, globalement, le Canada est enregistré une progression en termes de l’accès et de l’usage des TICs, sa condition générale s’est relativement peu améliorée si l’on compare aux pays qui poussent la société de l’information vers l’avant. On constate que la pénétration des téléphones cellulaires n’est que de 62 % au Canada alors que celle des téléphones fixes a diminué. Les abonnements à des bandes passantes mobiles progressent très lentement sous notre latitude (1,5 connections par 100 habitants). Ce sont la Suède, la Corée, le Danemark, la Hollande et l’Islande qui apparaissent dans le top 5 des pays qui définissent le standard de la société de l’information. Si on cherche la société de l’information, on sait dans quelle région du monde la trouver.
La situation des Etats-Unis, au 17ième rang, est similaire à celle du Canada : il y a progrès mais ce dernier est moindre qu’ailleurs. La France se place au 23ième rang.
L’étendu du fossé numérique est resté pratiquement le même. Les pays les moins développés se situent au bas de l’index alors que les pays riches le dominent. La révolution au plan des télécommunications que représente la progression fulgurante de la téléphonie mobile dans les pays en voie de développement n’aura pas suffi a diminué, de façon significative, l’écart entre les pays qui sont en haut de l’échelle en termes de TICs et ceux qui sont au bas. On observe néanmoins des signaux faibles de rétrécissement.
Il est possible de télécharger gratuitement la version PDF de ce document. Le collectif ITU qui dirige les activités de recherche et de diffusion de cette publication dispose également d’une vitrine web.
Les informations concernant cette bibliothèque et cette publication me sont parvenues par l’entremise de la newsletter du volet information et communication de l’UNESCO.
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