L’amour au temps des surdoués du DIY

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L’été ne voulait par partir à Spring Brook (Frampton, Nouvelle-Beauce), et on savait pourquoi. La mariée est arrivée, précédée par les dames d’honneur, l’une après l’autre, sorte de compte à rebours raffiné, toutes en sourire et couronnes de fleurs et robes roses Hamptons Chic. Mais elle, elle avait cousu sa robe de ses mains, le voile, le corsage, les heures patientes, le silence, le chat, les caprices de la dentelle, les retouches minutieuses, celles de dernières minutes, ingrates, fébriles. Les musiciens jouaient The Blower’s Daughter (Damien Rice) : « I can’t take my eyes off of you. » Au violon. « Oui » et « oui ». Ils étaient si beaux. Pas de dress code, mais ça prenait des mouchoirs.

Ce lieu avait une âme, et même plusieurs vu le cimetière qui penche et la vieille église anglicane, signes d’un autre temps, signent un temps nouveau, celui du patrimoine religieux converti en paysage décoratif, se fondent dans la fraîcheur du soir qui descend. Frissons. Stand By Me. « When the night has come And the land is dark And the moon is the only light we’ll see No I won’t be afraid, no I won’t be afraid Just as long as you stand, stand by me. » Autre genre de frissons.

Se réchauffer à La cabane de Pierre, du côté de Scott, une forêt en bois rond, des murs en pile, qui peuvent braver le froid, les vents, l’histoire avec le grand feu au milieu. Ce n’est pas d’hier, mais le style bûcheron réveille mémoires et cris du coeur. Il fallait voir ce qu’ils ont fait de cette usine à tire d’érable. L’amour au temps de Pinterest et d’Instagram donnent des ailes avec des outils. L’effet était total jusque dans les moindres détails, les mariés sont des DIYeurs surdoués. Lui, c’est l’artiste du bois, elle fait tout. Pour l’heure, on était dans le registre de faire sa vie, de la faire ensemble comme on fait la fête. Et là, on était au château, les tables étaient dressées avec assez de bougies suédoises et de victuailles pour trois jours de noces.

Comme si la guerre de cent ans datait d’hier, les deux cents convives, hipsters inclus, d’une même voix, encouragés d’abord par cette famille qui cultive la note juste et libre pour un répertoire de circonstance, réputé néo-traditionnel-intergénérationnel (bref la Bonne Chanson):

Buvons un coup, buvons en deux, à la santé des amoureux, à la santé du Roy de France, et merde à la Reine d’Angleterre qui nous a déclaré [fait perdre – dispute herméneutique ici] la guerre.

Ce chant de marin, détourné, « viré » de l’autre bord de l’Atlantique, n’est pas juste l’incontournable flonflon des longs soirs de camps de vacances. Appel à boire, mais surtout à vivre, il pouvait encore, allègre et hardi, épouser les épousés. Et nous. À jamais.

L’été ne voulait par partir en Nouvelle-Beauce, et on savait pourquoi. On avait encore des choses à faire, à chanter, à dire, à danser. Des pots Mason à remplir.

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