J’ai fini par voir le film Social Network de David Fincher adapté du roman The Accidental Billionaires: The Founding Of Facebook, A Tale of Sex, Money, Genius, and Betrayal de Ben Mezrich publié en 2009.
Status Update: C’est une recommandation négative car le résultat se révèle fort décevant.
Le film porte une thèse relativement simple: Mark Zuckerberg, le fondateur du réseau social de tous les réseaux sociaux, lequel compte 500 millions d’abonnés dans le monde, s’avère un individu sans intelligence sociale. Il s’agit d’un nouveau cas de figure de l’homme dissocié de son oeuvre: on se rappellera de Jean-Jacques Rousseau théorisant d’une main sur le bonté naturelle des enfants alors même qu’il abandonnait les siens de l’autre. Pareil.
Mais, cette réalisation exploite le registre du human interests, de l’anecdote, du biopic de geek plutôt que la trame tragique de la gloire, de la chute, du désir, de la traîtrise et de l’ambition humaine. Personne ne meurt au procès des millionnaires qui opposent Mark Zuckerberg, Eduardo Saverin et les frères Winklevoss sur la paternité de Facebook. Par ailleurs, Mark Zuckerberg représente un personnage au profil si antipathique et le récit est si soft qu’il n’est pas envisageable d’y ressentir même une identification trouble ou d’en tirer quelques émotions.
Puis ce n’est pas tant une réflexion sur la génération du statut qu’un exercice dans le genre très typé du film de collégiens où les filles tiennent un rôle secondaire du côté primaire des relations…À la limite, on pourrait suggérer que Social Network est une production utile mais, en même temps, cette histoire est si contemporaine et si largement rapportée sur Internet que le bénéfice documentaire s’en trouve pas mal hypothéqué, d’autant plus que la validité des faits est questionnée.
En somme, ce n’est pas une oeuvre qui nous amène à réfléchir sur notre vie en ligne, sur la manière dont on se connecte et que l’on converse aujourd’hui, sur l’âge numérique, et ce n’est même pas un film sur Facebook en tant que réseau social.
En revanche, voici un court-métrage dont le sujet est Facebook. Intitulé Farewell Facebook (Short film about Digital Suicide), le réalisateur Joep Van Osch s’interroge sur la métaphysique de Facebook et tente différentes expériences qui visent à transposer les codes du réseau social dans le monde physique. Évidemment, la traduction entre les langages est absurde, sinon impossible, entre autres en ce qui touche le concept d’amitié, ce qui le pousse au suicide numérique, en désactivant son compte, sous l’oeil amusé de ses pairs qui essaient avec plus ou moins de conviction de l’en dissuader.
D’autres critiques à propos de Social Network sur Mashable et dans le NYT, dans The Guardian et sur SocialMediaToday.
À propos de Farewell Facebook, on peut lire un compte-rendu dans Libération.
Votre commentaire