
Le 5 décembre dernier eurent lieu les funérailles d’Hélène Charbonneau. À cette occasion, Monique Khouzam Gendron a prononcé un éloge funèbre que je partage ici avec son accord.
Je vais faire ce témoignage avec l’aide d’un texte écrit, car je crains qu’à certains moments, les émotions me coupent la parole et me font perdre la voix.
J’aimerais exprimer durant ces minutes qui me sont accordées ce qu’Hélène a été pour moi, pour nous ici présents et pour ceux qui sont de coeur avec nous.
Je ne parlerai pas de ses nombreuses et belles réalisations car plusieurs collègues l’ont déjà souligné et ce, à plusieurs occasions, car elle a reçu des honneurs en récompense de choses qu’elle a su donner. Je voudrais plutôt parler d’Hélène en tant que personne humaine.
Lorsque j’ai commencé à travailler à la Ville de Montréal, on m’a dit: Vous allez faire un stage de quelques jours dans la succursale Ahuntsic, la plus grande pour enfants à Montréal.
Je m’y suis rendue et j’ai cherché un grand édifice avec une grande affiche mais, à ma grande surprise, je me suis retrouvée devant un ancien salon funéraire et quand j’ai demandé où se trouvait la bibliothèque pour enfants, on m’a répondu, c’est au sous-sol. C’était la totale! Je me disais: « Si la plus grande et importante bibliothèque pour enfants se trouve au sous-sol d’un salon funéraire, où se trouvera la bibliothèque où j’aboutirai, moi, la petite débutante sans expérience.
Et voilà que je vois arriver une personne élégante, souriante, au regard plein de douceur et d’intelligence qui m’accueille chaleureusement. C’était Hélène. J’ai été captivée par ses paroles, son ouverture d’esprit et impressionnée de voir que, malgré le côté macabre de ce local, elle avait réussi à le rendre attrayant, gai et accueillant.
J’ai alors vite appris que ce qui donne de l’importance à une bibliothèque, ce n’est ni sa grandeur physique, ni son emplacement, mais ce sont les qualités humaines et professionnelles de la personne qui la dirige. Confucius avait raison de dire: « Si on s’efforce d’être pleinement humain, il n’y aura peut-être plus de place pour le mal. » Et j’ajouterai : ni pour la laideur autour de nous.
Hélène était humaine comme un philosophe, d’une politesse exquise comme un asiatique. Elle était toujours de bonne humeur. Quand elle rouspétait, ce n’était que pour réclamer plus de subventions pour le bien des bibliothèques.
Elle aimait la vie, elle la croquait à pleines dents. Elle savait semer de la joie, de l’émerveillement, de la grâce autour d’elle.
L’image la plus forte et la plus vraie qui me vient à l’esprit quand je pense à elle : c’est une magnifique explosion de passion, d’énergie, d’humanisme et de dévouement. Elle était aussi discrète comme une source qu’on découvre un jour, presque au hasard dans un coin ensoleillé du jardin.
Oui! Hélène était le dévouement à l’état brut, parfois sans concession, toujours sans limites. Elle mettait son coeur en toutes choses: travail sans relâche, persévérance, service. Et comme le disait Ghandi, elle se retrouvait, en se perdant au service des autres. C’était sa carte d’affaires.
Ses qualités humaines transparaissaient dans chacun de ses gestes, que ce soit comme collègue de travail, comme directrice, amie, parente. Elle a joué pour les uns le rôle de conseillère, pour d’autres le rôle d’une amie, d’un professeur, d’une conteuse et d’une érudite. Elle a été un phare, une muse et le mentor de plusieurs d’entre nous et elle ne s’en vantait jamais, et pourtant, c’était une personne remarquable.
Dévouée, déterminée, tenace… Elle était forte et inspirée comme le roc d’une île naissante, défendant avec fougue et passion les bibliothèques, même dans ses temps libres et n’essayez surtout pas de la convaincre de lâcher prise, vous auriez perdu votre temps! Maître d’elle-même, comme un boudha, elle savait affronter les difficultés, ne craignait pas d’avoir trop de responsabilités et réussissait à s’en acquitter toujours dignement.
D’une grande sagesse et d’une grande patience comme une femme dont la main délicate a su protéger le lieu où tous les rêves humains s’y trouvaient, elle a su faire du temps son allié. Comme un fruit qui mûrit à l’automne, elle savait attendre le bon moment et les fonds nécessaires pour donner forme aux nombreux projets d’animation qui germaient dans nos têtes de bibliothécaires.
Femme « de dialogue et de discussion », Hélène était très respectueuse des autres. Elle prenait le temps d’écouter tous ceux qui défendaient leurs idées, mêmes si elles s’opposaient aux siennes.
Ses ressources intérieures inépuisables alimentaient ce zeste de folie, de passion, de vitalité qu’elle avait pour faire connaître l’importance du livre et de la lecture, pour améliorer la qualité de vie des citoyens et le développement des bibliothèques et de la culture.
Parlant de sa vitalité, certaines personnes d’entre nous avaient à l’occasion de la difficulté à la suivre et se demandaient des fois : Mais d’où prend-elle cette énergie? Serait-ce dans le chocolat qu’elle aimait tant, dans ses nombreux souvenirs de voyage, ou dans le nombre considérable de ses lectures ? À cet effet, son nom aurait dû être écrit dans le livre des records, comme étant la plus grande liseuse au monde.
Sa perte est énorme pour les membres de sa famille, ses amis (ies), ses collègues de travail et toute la communauté. Elle a su marquer nos vies en laissant derrière elle une foule de réalisations et une traînée de lumière et de bons souvenirs qui seront à tout jamais présents dans les esprits et les coeurs des personnes qui l’ont connue, car tout ce qu’on a appris avec elle nous permettra maintenant de vivre sans elle. (Richard Cummings)
Bien sûr, elle va nous manquer, mais l’absence n’est-elle pas une autre forme de présence qu’on appelle la proximité du coeur et non pas un manque de présence?
Chère Hélène, là où tu es, nous te disons MERCI, pour tout ce que tu as été pour chacun et chacune de nous et pour tout ce que tu as semé autour de toi durant toute ta vie. Ton humanisme, ton professionnalisme et ton dévouement seront à tout jamais inscrits dans notre coeur.
Et comme l’a si bien dit Brahms: « S’il est joli le temps passé. » Celui que nous avons vécu en ta compagnie l’est vraiment et, parole de femme, il ne s’effacera pas de notre mémoire de sitôt. Et même si tu n’es plus là où tu étais, tu seras toujours présente partout où nous sommes.(Victor Hugo)
Tu es devenue maintenant une fleur éternelle dans la 5ème saison … la saison de la paix, de la plénitude, la saison oú il n’y a plus de douleurs, car tu es avec celui qui dans son Amour t’a préparée une place: Jésus.
Que le vaste réseau de parents, d’amis et de connaissances t’enveloppe d’un chaud manteau de douceur et de tendresse, dans ton passage dans l’autre vie et qu’il nous enveloppe aussi afin que nous puissions vivre cette séparation physique dans la paix et la sérénité.
Voilà Hélène, ce qu’on voulait dire de toi et à toi tout simplement et de tout coeur. Que ton âme repose en paix!
Monique Khouzam Gendron
Au nom de tous ceux et celles qui te chérissent
5 décembre 2021
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