« Explorer la décolonisation, en route vers la réconciliation » par la relation, l’écoute, le dialogue, l’action

Bibliothèque et archives Canada (BAC) s’attendait à accueillir 40 personnes, nous a dit Guy Berthiaume en clôturant la journée, et nous étions près de 150 participant.e.s au forum « Explorer la décolonisation, en route vers la réconciliation. » L’intention de cette rencontre était d’offrir « l’opportunité [aux] partenaires universitaires de BAC de se rencontrer en personne afin de partager et discuter de projets et d’initiatives novateurs liés à la réconciliation. » #ForumUniv

D’entrée de jeu, cette démarche visant à favoriser l’avancement « de la réflexion et des actions de réconciliation » a été ramenée à un engagement qui « doit partir du cœur », dans la sincérité et l’écoute. L’intervention de Normand Charbonneau (BAC) l’a scellé en ces termes en soulignant la nécessité de questionner la posture décalée de la prestation de services. Nous professionnel.le.s, fonctionnaires, sommes programmé.e.s comme des « machines à livrables » (delivery machines), a-t-il avancé, mais dans le cas qui nous occupe, la dernière chose que nous voulons, c’est de se présenter à la façon de « serviteurs publics travaillant avec des communautés indigènes. » Si nous souhaitons la réconciliation, nous devons adopter une attitude de respect, d’écoute, de dialogue. Bâtir nos capacités. Bâtir des relations qui aient du sens.

Camille Callison, de la nation Tahltan, Université du Manitoba, (« Respecter notre engagement à l’égard de la réconciliation : répondre aux besoins d’information des peuples autochtones et établir des relations avec eux »), a exposé les travaux entamés par la Fédération canadienne des associations de bibliothèques (CFLA FCAB)  qui ont mené au rapport du Comité Vérité et réconciliation :

Le Comité sur la vérité et réconciliation existe pour travailler avec les populations autochtones (Premières Nations, Métis et Inuits) afin d’aborder les problèmes liés aux bibliothèques, aux archives et aux institutions de la mémoire culturelle et promouvoir des initiatives dans tous les types de bibliothèques en avançant et en mettant en œuvre une réconciliation significative tel que traité par le rapport de la Commission de vérité et réconciliation et dans les appels à l’action (anglais) (français).

L’organisation de ce comité a reposé « sur une adaptation du cadre de la roue médicinale » en « cherch[ant] à comprendre la vision du monde autochtone. »

Le Comité se divise en quatre équipes chargées des responsabilités suivantes. L’équipe Noir du Comité de vérité et réconciliation a compilé les pratiques exemplaires déjà en place concernant les peuples autochtones du Canada. L’équipe Blanc a fourni une analyse des lacunes concernant les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) et a recommandé un examen annuel destiné à évaluer les progrès réalisés. L’équipe Jaune a examiné les relations existantes et a créé une base de données de personnes-ressources. Enfin, l’équipe Rouge a envisagé l’avenir en examinant l’ensemble des connaissances relatives à la décolonisation de l’espace, à l’accès et à la classification, à la protection des connaissances autochtones, à la sensibilisation et au service. (p.5)

De ces travaux sont issues dix recommandations que l’on peut lire dans ce même rapport. La contribution du plan d’action  Indigenous Matters de l’IFLA à cette réflexion est également souligné.

Les enjeux éthiques, la critique et le discours sur la discrimination jouent aussi un rôle essentiel. Nous devons être proactifs dans la sauvegarde des archives autochtones sinon nous ne pourrons écrire l’histoire de la colonisation de ce pays affirme Brenda Macdougall, Université d’Ottawa (« Traces ancestrales dans le dossier : Retracer les populations autochtones au moyen de sources coloniales). La signification même du terme « réconciliation » devient l’objet d’une remise en question radicale. (Andrea Bear Nicholas, Université Saint-Thomas, « Considérations pratiques et éthiques concernant le dépôt de documents autochtones des gouvernements fédéral et provinciaux »).

Selon Melissa Adams, Union of British Colombia Indian chief’s, (« Décoloniser et non recoloniser »), cet engagement requiert que l’on se centre sur les intérêts et les préoccupations des populations autochtones en les impliquant : « Decolonizing is not a metaphor. » L’approche des 4 « R » fournit des repères éthiques :

  • Respect : for the indigenous cultural integrity
  • Relevance : to indigenous perspectives and experiences
  • Reciprocity in relationship
  • Responsability though participation

Les alliés, ajoute Melissa Adams, doivent marcher à côté, non pas devant, ni derrière. Il n’y aura pas de « tips box », mais plutôt, dans une visée à long terme, un travail de tous les jours : « Reconciliation is relationship, relationship, relationship… »

La journée a été placée à l’enseigne de l’humilité du côté des allié.e.s : « The more I learn, the more I realize that I know nothing, and that I have to listen ».

Comment les appels à l’action en faveur de la réconciliation et de la décolonisation (« décoloniser l’espace, le savoir, la recherche, la/les langues, la propriété, la représentation des ressources, les collections »…) seront-ils entendus à leur tour à travers l’ensemble des milieux documentaires québécois ? Quelle réflexion collective, quels dialogues interculturels et quels engagements susciteront-ils ?

| L’image est tirée du rapport du comité CFLA-FCAB Vérité et réconciliation |

 

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