Dublin recèle des bibliothèques qui sont des trésors: The Old Library à Trinity College où l’on conserve le Livre de Kells, la bibliothèque Berkeley, un chef d’oeuvre de l’architecture brutaliste, la bibliothèque Chester Beatty et la bibliothèque Marsh.
Dans le Lonely Planet qui me sert de guide à Dublin, on aborde la bibliothèque Marsh en ces termes:
It mightn’t have the immediate appeal of a brewery or a big old church, but this magnificently preserved scholar’s library, virtually unchanged in three centuries, is one of Dublin’s most open secrets, and an absolute highlight of any visit. Few think to scale his ancient stairs to see its beautiful, dark oak bookcases, each topped with elaborately carved and gilded gables, and crammed with books. Here you can savour the atmosphere of three centuries of learning, slow into the synch with the tick-tocking of the 19th-century grandfather clock, listen to the squeaky boards and record the scent of leather and learning. It’s amazing how many people visit St-Patrick’s Cathedral next door and overlook this gem – they’re mad, they don’t deserve a holiday.
J’ai mérité mon séjour à Dublin: j’ai vu les églises, les pubs et les bibliothèques. Mais la bibliothèque Marsh mérite, elle, une mention toute spéciale. D’abord, il s’agit de la première bibliothèque publique d’Irlande, et l’une des plus anciennes du Royaume-Uni, et partant du monde.
Fondée en 1701 par l’archevêque Narcissus Marsh, cette bibliothèque d’érudit a connu l’époque où les livres étaient parfois attachés par des chaînes et où l’on enfermait les plus précieux d’entre ceux-ci ainsi que leurs lecteurs derrière un grillage fermé à clef.
La bibliothèque Marsh renferme 4 collections de 25 000 livres du 16e, 17e, 18e siècle, en plus de 300 manuscrits accessibles via son catalogue. Parmi ses bestsellers, il faut mentionner des livres imprimés par certains des premiers imprimeurs anglais, des bibles rares, des livres canulars, de nombreux ouvrages de médecine, par Descartes notamment. L’esprit des Jonathan Swift, James Joyce et Bram Stoker – ce dernier y rédigea les premiers brouillons de Dracula raconte-t-on – y flotte encore.
Un réfugié huguenot, Elias Bouhéreau, enfui de France en 1685, en fut le premier bibliothécaire. Aujourd’hui, 300 ans plus tard, Muriel McCarthy, est la première femme à officier en ces lieux sacrés.
Elle s’avance vers nous en disant: « I am The Keeper ».
Frissons garantis. Et aujourd’hui, dans ce monde où les oeuvres sont liées par des codes et des chaînes humaines, défiant l’oubli, qui vient vers nous avec ces mots: je suis Le Gardien?
J’ai noté avec intérêt que cette désignation, The Keeper, contrairement à celle de bibliothécaire, est agnostique du point de vue du support. On peut être le gardien de tout type de document.
| J’ai obtenu l’autorisation exceptionnelle d’y faire des photos, autrement interdites, et celles-ci ne peuvent être utilisées que dans les limites de ce blogue et celle de la revue Argus |
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