Cette bibliothèque à l’air libre a remporté le Prix européen pour l’espace publique urbain 2010 (European Prize for Urban Public Space). La compétition biennale est organisée par six pays qui visent à reconnaître et encourager les projets de réaménagement et la défense des espaces publiques dans les villes. Karo Architekten a aussi récolté le prestigieux Brit Insurance Designs of the Year 2011 pour ce projet.
Par ailleurs, on ne manque pas de célébrer la contribution des résidents de ce quartier socialement défavorisé qui ont, au sein d’une démarche participative, réalisé l’opération de collecte des livres pour la bibliothèque qu’ils ont construite à partir d’éléments appartenant à un bâtiment abandonné, ainsi qu’on peut le lire ici.
On parle de « décadence physique et sociale » pour décrire cette banlieue de Magdeburg en Allemagne de l’Est. Dans ce paysage post-industriel déprimant, les espaces publiques sont en friche, les industries sont fermées, les usines à vendre et le chômage est robuste.
C’est sur un lot vacant qui a déjà connu une bibliothèque publique que l’expérience de planification urbaine s’est déroulée. Un programme a été rédigé en étroite collaboration, 20 000 livres rassemblés et avec un millier de contenants de bières, on a fabriqué un modèle de la proposition architecturale (une sculpture sociale) avant l’ouverture de la version définitive en juin 2009. Le projet vise à retisser les liens sociaux et à revitaliser le quartier.
Cette bibliothèque a des murs hors-les-murs et l’un d’eux, bien épais, avec un surplomb, contient les rayonnages des livres. Il s’agit en fait de la façade moderniste d’un ancien entrepôt qui a été réutilisé. L’installation occupe une superficie de 488 m.c. et a coûté près de 440 000 $ (325 000 euros). Ouverte 24h/24 , on y emprunte et retourne librement les documents. L’établissement a été remis aux résidents et ce sont eux qui en assurent la gestion. La bibliothèque se prolonge sur un place verte où les gens s’installent pour lire. Le lieu intergénérationnel est doté d’un café et d’une scène où peuvent se tenir des lectures publiques, des représentations théâtrales pour les enfants, des concerts pour les jeunes adultes.
Cette bibliothèque apparaît comme un projet territorial audacieux et inspirant qui a réussi à créer une plate-forme communautaire, avec des connexions vers l’extérieur élaborées dans l’esprit du design participatif et qui définit un troisième lieu durable:
« The success of this experience counters the scepticism that often hovers over the trade-off between participative processes and the practice of good architecture. Far from being gentrified, the urban setting of Salbke takes on added value with the presence of this building, which sagely takes over an interstitial run-down space to give it order and also signal its presence. Without renouncing the use of contemporary language, its facades sympathise with the collective imaginary since they have recovered the prefabricated pieces from a now-gone emblematic building. With limited resources, the residents have brought into being a building that is innovative in both form and function and which, thanks to their involvement in the project, precisely responds to their demands.
Besides keeping construction costs low and avoiding the energy consumption of air-conditioning, the absence of a roof and facades suggests the appearance of a neighbourly and responsible way of using a public facility. The citizen participation that is revitalising the social fabric does not end with receiving a building since, now the professionals who acted as advisers have gone, the residents have taken over its management. The result points to the possibilities of a civil society that is able to emancipate itself from the upside-down State protection when the public administration does not satisfactorily meet its needs. » David Bravo Bordas, architecte.
Le jury du prix européen pour l’espace publique urbain 2010 présente les gagnants sur cette vidéo.
D’autres informations sont disponibles sur ArchDaily et ArchiTonic.
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